Anne Idoux-Thivet
Auteure
L'Ordre de Prémontré en Lorraine aux XIIème et XIIIème siècles
Mes écrits sur l'ordre de Prémontré :
- Deux abbayes prémontrées dans les Vosges aux XIIème et XIIIème siècles : Flabémont et Bonfays (mémoire de maîtrise, Université des Sciences humaines de Strasbourg, 1997). Ce mémoire comprend l'édition critique des actes de Flabémont et Bonfays établie par mes soins.
- La circarie de Lorraine (1121-1320), mémoire de DEA, Université Marc Bloch de Strasbourg, 2001.
- "La présence prémontrée dans les environs de Vittel et Contrexéville aux XIIème et XIIIème siècles", Des sources au thermalisme, Journées d'études vosgiennes, 2002.
- "L'abbaye de Bonfays dans la circarie de Lorraine (XIIème -XIIIème siècles)", Le pays de Dompaire, JEV, 2012.
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A paraître (actes des JEV d'octobre 2017) :
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"Etienne, premier abbé de Flabémont (vers 1135/1138-1180), et sa fondation catalane de Vallclara"
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ou comment l'abbé Etienne a participé à la Reconquista au côté de Raymond Bérenger IV, comte de Barcelone (représenté ci-contre dans la Généalogie des rois d'Aragon, monastère de Poblet, vers 1400) et fondé le prieuré de Vallclara, dont mon article constitue la seule monographie complète.
Qui sont les Prémontrés ?
À la fin du XIème et au XIIème siècle, sous l’impulsion de la réforme grégorienne, l’Occident connaît un renouveau religieux exceptionnel. Inspirés par le désir de retrouver la vie simple des disciples du Christ et des tous premiers Chrétiens, des hommes et des femmes s’engagent dans ce qu’on pourrait appeler un « mouvement apostolique » et choisissent de vouer leur vie à Dieu. De nouveaux ordres religieux fleurissent alors, les Cisterciens et les Chartreux étant les plus connus. Les ordres de chanoines réguliers se multiplient également. Par opposition aux chanoines séculiers, ils se caractérisent par une pauvreté complète. Les chanoines réguliers vivent en commun et se partagent entre le service pastoral des fidèles et une vie monacale. Le deuxième aspect finit souvent par l’emporter. Les ordres de chanoines réguliers les plus connus sont Arrouaise (1097), Saint-Victor de Paris (1110) et surtout Prémontré.
Norbert de Gennep, le fondateur de l’ordre de Prémontré, est né vers 1080 à Xanten, dans une famille comtale comptant parmi ses ascendants le fameux Godefroy de Bouillon. Voué à l’église, Norbert devient le chapelain de son cousin, l’empereur Henri V de Germanie. Il vit dans la richesse et les facilités matérielles jusqu’au jour où, touché par ce qu’il considérera comme un miracle, il choisit de mener une vie d’humilité et de prière. Sa vie de prédication itinérante et d’ascèse suscite l’admiration de quelques hommes qui deviennent se compagnons. Ses disciples sont au nombre d’une quarantaine au moment où il s’établit à Prémontré, qui tirerait son nom d’un songe où le lieu idéal pour la fondation aurait été « pré-montré » à Norbert. Ce dernier choisit la version rigoureuse de la règle de saint Augustin, l’ordo monasterii, qui est officiellement adoptée en 1121. Cinq ans plus tard, le pape approuve la fondation de l’ordre. Norbert devient archevêque de Magdebourg en 1126. Son compagnon Hugues de Fosses, davantage attiré par la contemplation que par la prédication, devient donc abbé de Prémontré. C’est lui qui, vers 1135, supervise la rédaction des premiers statuts de l’ordre, lesquels organisent la vie dans les monastères. C’est lui encore qui introduit les premières réunions annuelles de tous les abbés de l’ordre, lesquelles deviendront à partir de 1150 les chapitres généraux. Il existe dans l’ordre de Prémontré un système de filiation. Cela dit, les abbayes sont peu à peu regroupées au sein de divisions territoriales qu’à partir de 1320 on appellera des circaries.
Du vivant de Norbert, le nombre d’abbayes était de 35. Il s’agissait souvent d’abbayes doubles dont les femmes ont peu à peu été mises à l’écart pour être installées dans des « parthénons » bien distincts. Après un siècle d’existence, l’ordre était passé à 600 maisons réparties dans toute l’Europe et jusqu’en Terre Sainte.